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Le bureau de Jean-Richard Bloch au journal Ce Soir, mis à l’honneur - L’exposition Charlotte Perriand de la Fondation Vuitton
Article mis en ligne le 2 novembre 2019
dernière modification le 30 juillet 2021

par Rachel Mazuy

L’exposition Charlotte Perriand à la Fondation Vuitton à Paris [1] met à l’honneur le travail réalisé pour le bureau de Jean-Richard Bloch au journal Ce Soir que Jean-Richard Bloch avait commandé personnellement à l’architecte.
L’engagement des deux créateurs dans le mouvement antifasciste les a mis en contact et va donner naissance au bureau Boomerang, de conception tout à fait nouvelle :

"Regardez la forme si singulière de ce bureau ! Elle est vraiment symptomatique de la volonté de Charlotte Perriand de changer le Monde, par les formes et les matières, jusque dans les relations de pouvoir. Il s’agit ici d’en finir avec l’archétype du bureau ’présidentiel’ qui n’envisage le pouvoir que de façon verticale, protocolaire. Elle conçoit à l’époque ce bureau ergonomique à la demande de Jean-Richard-Bloch, le rédacteur en chef du journal communiste Ce soir. Un écrivain engagé aussi, sensible aux avant-gardes. Je suis frappée à la fois par la matière utilisée - un bois chaleureux - et cette forme organique en boomerang, sans aucun angle vif, qui permet de recevoir une douzaine de personnes sans que quiconque n’y occupe une position centrale. Chacun y a sa place, quelle que soit la hiérarchie, sans se perdre de vue. N’oublions pas que Charlotte Perriand fut communiste et que la dimension collégiale, la création collective est centrale dans sa pensée, sa pratique aussi." [2]

Derrière le bureau, une étagère est prévue pour classer des documents, et non loin du là, dans le petit salon attenant, une table basse avec des dessins gravés de Picasso a également été fabriquée.

Les meubles de l’exposition sont des copies effectuées à partir de photographies datant sans doute de 1938.
Que sont-ils devenus ?
Les locaux de Ce soir ont été perquisitionnés en septembre 1939 après l’interdiction des organisations communistes suite à la signature du Pacte Germano-soviétique en août. Est-ce à ce moment là que les meubles disparaissent, ou bien plus tard, au moment de l’occupation du fait des spoliations nazies ?
Les recherches actuelles n’ont pour l’instant pas permis de répondre à ces questions.

Aussi, cette exposition permet non seulement d’éclairer le magnifique travail de l’artiste Charlotte Perriand, mais aussi, de sortir de l’ombre l’histoire d’un meuble assez exceptionnel.

NB. : Photographie : Jean-Richard Bloch à son bureau à Ce Soir, Médiathèque François-Mitterrand Poitiers.