Marianne, 3 Mai 1933
Marianne, 3 Mai 1933
Le lecteur a pu trouver dans notre dernière chronique le Palmarès de la Distribution des prix du Disque, organisée annuellement, et pour la troisième fois, par notre confrère « Candide ». Il aura remarqué d’abord qu’aucune récompense n’aura été décernée pour « la musique symphonique », non plus que pour « la musique de chambre ». L’étonnement qu’il en aura pu concevoir diminuera, s’il considère que la sélection de ce concours ne jouait qu’entre œuvres enregistrées en France et exécutés, sinon par des artistes exclusivement français, du moins dans une « ambiance » française. Ainsi le concerto de Bach, joué par l’américain Menuhin et le roumain Enesco, était dirigé par M. Monteux et accompagné par son orchestre.
N’eût été cette condition, avouons que nous aurions souhaité qu’un prix soit accordé à la « Symphonie italienne » de Mendelssohn, (the Halle Orchestra), noyau des récents catalogues « Columbia » --- 1812 de Tchaïkovsky (orchestre Philarmonique de Philadelphie, direction Stokowsky, chez « Gramophone ») ou bien « Till Eulenspiegel », de Richard Strauss, dirigé par Furtwängler, à Berlin (« polydor »).
Quant à la musique de chambre, ------ons qu’elle n’a guère été (sauf erreur), représentée avec quelque éclat, en France, cette année, sinon par la « Sonate » pour piano et violon du Belge « Lekeu », chez « Polydor ».
Les éditions étrangères étant hors de ---------- aucun enregistrement symphonique de l’année ne pouvait soutenir le parallèle avec la « Fantastique », de Berlioz, ------------l’an passé (M.Monteux, chez---------) ou encore avec tels César Franck, ou Debussy, dus à M.Albert---------et à l’orchestre Lamoureux (« Polydor »). Ceci dit, nous aurions volontiers vu le prix accordé à « La Création du Monde » de Darius Milhaud (« Columbia »), au lieu d’une simple mention. Nous applaudissons au reste du Palmarès. Regrettons toutefois qu’une distinction n’ait pas couronné d’une part les beaux enregistrements de chant de M.Panzera, de l’autre, le délicieux « Concerto en sol majeur » pour petit orchestre et clavecin, de Jean-Christian Bach, joué d’une façon si juste, intelligente et sensible, par Mme Roesgen Champion et ses accompagnateurs.(« Gramophone »).
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Dans le jeu de place que l’actualité nous laisse, hâtons-nous de signaler trois magnifiques enregistrements : d’abord un nouveau Chaliapine de derrière les fagots : « Sur la Volga » et « La légende des douze brigands », avec accompagnements des chœurs russes de Paris dirigés par M.Alfonsky (DB 1700 « Gramophone »).
Ensuite un petit disque « Columbia », bon marché (DF 1089), enregistré par le chœur et orchestre du Bach Cantata Club de Londres : d’un côté, « Jésus, que ma joie demeure ! » extrait de la cantate d’église N° 147 ; de l’autre, « Rondeau et badinerie », extraits de la « Suite en si mineur » (Bach, qui est si grand dans la force, l’est peut-être plus encore dans la douceur) ;enfin le « Prélude au 3è acte des Maîtres chanteurs » (British Symph. Orchestra, direction Bruno Walter, « Columbia », LFX 292)