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ENREGISTREMENT DE PIÈCES DE THÉÂTRE

Marianne, 9 Novembre 1932

Article mis en ligne le 11 octobre 2010
dernière modification le 17 octobre 2010

Marianne, 9 Novembre 1932

Je vous racontais,l’autre dernière, les essais d’un pick-up dans une salle de café provinciale où la pluie m’avait forcé à me réfugier. La sélection se faisait par les clameurs du public lui- même ; Le crochet...Vox populi...

Une scène du premier acte de Topaze, (La leçon de morale.) suivit les auditions que je vous indiquais. Disque amusant et coloré. Succès. Toutefois moins vif que celui qu’avaient remporté la Scène de la Manille, de Marius, et Victor Boucher, dans les Vignes du Seigneur.
M. Lefaur joue et parle devant le micro comme sur la scène. C’est une erreur.

Le jeu doit être suggéré par la parole, dessiné, peint, imposé, par les seules modulations de la voix.

Un homme a poussé les réflexions sur cette matière à ses dernières conséquences ; c’est M. Georges Berr.

Une preuve nouvelle en fut donnée. ce jour-là même, par le succès éclatant remporté par le disque (Odéon) des Précieuses Ridicules (scène de Mascarille).

Il y a des classiques de l’enregistrement. Toute discothèque se doit de les posséder. Ce disque-là en est un. Ajoutez-y la scène de la rencontre de Figaro et d’Almaviva, dans le Barbier de Séville, et le monologue du Mariage de Figaro, - réussites graves, complètes, émouvantes, — images fixées à jamais (Odéon).

La faiblesse des comédiens qui donnent la réplique à Georges Berr (Mmes Bretty et Leconte, M. Dehelly) mettent d’autant mieux en relief son art de modeler l’action par un usage admirable des silences et des tons forts, comme un architecte par des vides et des pleins.
M. André Brûlé donna ensuite l’exemple des qualités contraires en gâchant aussi complètement que possible deux célèbres dialogues de Courteline (Hortense, couche-toi, et Au Temple) (Gramophone). A l’Ecole !

Tout à coup, comme l’averse prenait fin, le pick-up lança dans les airs des sons délicieux. Un silence se fit, attentif, émerveilllé. C’était un Concerto pour clavecin et petit orchestre de Jean-Christian Bach (deux petits disques, Gramophone). On ne peut rien rêver de plus réussi, de plus poétiquement spirituel et charmant ce public de dimanche provincial fut étonné, subjugué, enthousiasmé. Il avait raison.

Jean Richard Bloch


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