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Quatre sonates pour piano

Marianne, 17 Mai 1933

Article mis en ligne le 20 octobre 2010
dernière modification le 19 octobre 2010

Marianne, 17 Mai 1933

Quatre sonates pour piano. Chez “Columbia”, une bonne et recommandable version de la Sonate en ré mineur, 0p. 31, N.. 2, de Beethoven, par M. Walter Gieseking (DFX 132 et 133). (Mais pourquoi ne nous indique-t-on pas la marque du piano qui a servi à l’exécution 7 Cela ne manque pas d’importance ni de signification.)

Chez “Gramophone”, une admirable exécution de la Sonate N° 1, en mi bémol, de Haydn, par \Vladimir Horowitz (DB 1837 et 1838). Triomphe d’un interprète de grande classe. Quoi de plus difficile que la musique dite facile ? Il n’est pas une petite fille qui n’ait tapoté cette sonate, de ses mains impubères, dans la première année de ses études, La nudité de la phrase mélodique, la simplicité de la note, l’absence d’ornements, de dentelles et de volume sonore laissent tout à faire à la perfection de la main, de l’intelligence musicale et de l’autorité artistique. La difficulté double, lorsqu’il s’agit de faire accepter ce pur jeu pianistique par le micro. M. Horowitz dont, à ma connaissance le nom célèbre,intervient pour la première fois sur un catalogue d’art phonique, a gagné cette gageure d’une façon triomphale. (Mais pourquoi l’étiquette ne nous révèle-t-elle pas la marque de l’instrument sur lequel Horowitz a joué ?)

Mes chroniques ont accoutumé les lecteurs de Marianne à entendre les justes louanges de M. Alexandre Braïlowsky. Il nous apporte, chez “Polydor” (95.480 et 81), la “Sonate en si bémol majeur”, de Chopin (op. 35), tandis que M. Cortot réussit, chez Gramophone (DA 1.209 à 1.212), une fort belle exécution de la “Sonate en si mineur” (op. 58), du même Chopin. Voilà nos discothèques enrichies de deux pièces maîtresses. (Mais pourquoi aucun des disques que je viens de citer ne mentionne-t-il pas la marque du piano ?)

(Je suis un peu distrait dans la rédaction de ces notes par l’insistance de la sans-fil à vouloir me faire écouter, en ce même moment, le Concerto N° 2 de Brahms, oeuvre titanique. M. Schnabel y tient le piano, avec une puissance impressionnante. De sorte que je dois remettre à un peu plus tard les réflexions que m’inspire la comparaison des deux interprétations dont je viens de vous parler.)

Un lecteur, M. Lefebvre, me suggère une idée que je crois susceptible de donner des résultats féconds, Voici ce que m’écrit, de Mons-en-Baroeul (Nord), ce mélomane avisé : « Ne pourriez-vous pas demander, par la grande voix de Marianne, à vos lecteurs qu’ils veuillent bien nous faire. ronnaitre leur opinion sur une forme nouvelle d’édition phonographique. Je fais allusion à l’édition par souscription de disques d’art (symphonies, concertos de vente difficile). Les circonstances actuelles, du fait de la crise économique, me semblent rendre plus nécessaire que jamais une réalisation de l’enregistrement qui aurait pour résultat de réduire sensiblement l’énorme stock d’invendus qui encombre les rayons des déposants.”

« Pratiquement la chose pourrait se faire ainsi : sur son catalogue mensuel, la firme informe ses clients qu’elle se propose d’enregistrer, dans ces conditions, telle œuvre classiqûe, en n disques. Ceux qui désireraient souscrire se feraient inscrire chez le dépositaire local de la marque. Si le nombre des souscriptions était suffisant, elle réaliserait le projet, elle y renoncerait dans le cas contraire. »

Je me joins à MM, Vuillermoz et Robert Brisacq qui, l’un dans “l’Édition musicale vivante”, le second, dans “l’Œuvre”, avaient appuyé ce projet, dès 1929 et1930. J’accueillerai volontiers les avis que nos lecteurs voudront émettre à ce sujet. ,

Du reste “Gramophone” vient, sous une forme un peu différente, de lancer, par spuscriptions, une édition intégrale des Sonates de Beethoven.

Le même correspondant veut bien me signaler un petit ouvrage qu’il convient en effet d’ajouter au livre de M. Charles Wolff que je vous recommandais récemment. Il s’agit d’un fascicule, le “Disque à l’Ecole”, de Henri Poulailler.et Charles Wolff, paru en 1932, à la Librairie Valois, “ébauche d’ailleurs fort copieuse d’une géographie musicale groupant, pour chaque pays, les meilleurs enregistrements de folklore édités en France”.

Jean Richard BLOCH