Eté 1934 : 590 écrivains dont 40 étrangers participent au Premier Congrès de l’Union des écrivains soviétiques patronné par Maxime Gorki. Parmi eux, cinq Français accompagnés ou non de leur épouse : Louis Aragon, André Malraux, Paul Nizan, Vladimir Pozner et Jean-Richard Bloch.
Jean-Richard Bloch et sa femme Marguerite vont passer plusieurs mois dans l’URSS du 2e plan quinquennal qui sort à peine de la terrible famine de 1932-1933. Le Congrès, le Festival théâtral de Moscou en septembre, et un périple dans le Caucase en octobre (Géorgie, Azerbaïdjan, Arménie) sont ainsi évoqués avec enthousiasme dans de longues lettres écrites à leurs proches. Des lettres préparées par la rédaction d’un carnet de notes tenu par Marguerite, qui joue le rôle de scripte du voyage plus encore que son mari.
Ces lettres, réunies dans un grand cahier avec d’autres témoignages (photos, coupures de presse...), seront ensuite cachées pendant la guerre, pendant laquelle le couple va s’exiler en URSS. Publiées ici pour la première fois avec ce carnet qui met davantage en valeur les zones d’ombre du séjour, elles offrent un éclairage passionnant sur cet été 1934, sur la fascination pour l’URSS, sur les rapports entre intellectuels soviétiques et occidentaux, et sur les Républiques soviétiques du Caucase alors en plein bouleversement.
Alors que Bloch repart en France quelques jours après l’assassinat de Kirov, ce double texte nous offre aussi la photographie d’un monde intellectuel soviétique à la veille d’être touché par les grandes purges staliniennes.