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STRAWINSKY ET AUTRES

Marianne, le 20 septembre 1933

Article mis en ligne le 17 octobre 2010

Marianne, le 20 septembre 1933

Voulez-vous vous procurer un plaisir pur, gratuit, délicieux, un plaisir qui ne demande rien à personne ?

Mettez sur votre phono, avec une aiguille moyenne ou douce, « Pulcinella », de Stra winsky, Suite écrite pour petit orchestre et dirigée par le compositeur lui-même. (Columbia, ILF)( 289). C’est du Strawinsky, suite écrite pour petit orchestre à « Rossignol », « au Sacre », à « Petrouchka », à l’ « Oiseau de Feu ». C’est Strawinsky à a fin de sa grande période de surabondance juvénile, au seuil de ce repli sur lui-même et de ce dépouillement néo-classique, si contestés, qui allaient nous valoir la « Sonate », « Oedipus Rex », « Apollon Musagète ». Rien de plus élégant, rien de plus charmant. Une science presque diabolique de l’orchestration, à faire damner un saint. Une virtuosité dans l’usage de la séquence des timbres, un art des codas, une intuition des ruptures, et une telle possession de l’harmonisation la plus raffinée, la plus complexe, que l’effet obtenu parait être d’une simplicité haydnienne...

Pour compléter votre plaisir, munissez-vous de l’excellente monographie, si complète, si intelligemment et si spirituellement illustrée (et d’un prix abordable). que M. André Schaeffner a, consacrée au musicien (Editions. Rieder 1931)... Ou bien du volume substantiel et systématique de M. Boris de Schloézer. (Editions Claude Adeline. 1929)

Ne sortons pas des délices. En voici une autre, qui touche d’un côté à la première grandeur : un :
« Grave », de J-S. Bach et, au verso, le fameux « Dodo » de Couperin, l’un et l’autre appariés sur un petit disque gramophone, et fort bien rendus au violoncelle. par M. Louis Rosoor.

Mais pourquoi ces panachages d’auteurs différents sur le même disque ? Ne nous lassons pas de protester contre cette pratique infantile. Elle nous reporte aux premiers âges du phono et n’est pas digne d’une technique parvenue à sa maturité. Il est légitime d’offrir des documents aux professionnels d’un instrument. mais il ne manque pas de pièces de Bach - ou de Couperin -écrites pour le violoncelle, et ; pouvant faire couple avec la première face, sans nous livrer des disques, d’ailleurs excellents, - impossibles à classer, à cataloguer, à rechercher-)

M. Paul Brunold joue, sur clavecin Watters de 1737, d’une .façon que je ne suis pas arrivé à goûter, et dont je ne : sais trop quoi penser (la faute en serait-elle au grêle du vieil instrument ?) deux jolies pièces de Couperin, « La Fleurie », et le « Carillon de Cythère » (Polydor), et deux célèbres morceaux de Rameau, « La Poule », « le Rappel des Oiseaux » (Polydor).

Quand nous sera-t-il donné d’entendre ; de nouveau l’incomparable Wanda Landowska ?)

Gratitude à Mme Roesgen Champion (que nous avons déjà eu l’occasion de jouer ici), pour sa vive et franche Interprétation, au clavecin, de deux pages de Couperin, pleines d’esprit et de gaîté.
« Les Vieux Seigneurs », « les Jeunes Seigneurs, - ainsi que de Rigaudon, « Musette et Tambourin », de Daquin (Gramophone).

Cela me rappelle que Radio-Paris a : diffusé, le 8 septembre, après déjeuner dans un concert de`musique enregistrée ; le « Trio », de Poulenc pour piano hautbois et basson, qui est une petite merveille. Je Confesse que j’ignorais l’existence. de cet enregistrement (Columbia), qui n’est pas d’hier, Mais que j’ai aussitôt voulu vous signaler.

Jean Richard BLOCH